-
Par Francois Szabo dans 100 000 Poets for change Montpellier 24th September 2011 le 1 Décembre 2011 à 16:58
Quine Chevalier
Arrêt du train. Pas une goutte ne s’échappe
du seau des maçons.
Tôles flanquées dans la boue
blessure raphia.
Ni faim ni soif, des heures de sommeil
en attente, empilées.
Instance de source
par magie s’ouvrent
des ravines qu’entoure
à midi l’épaule nue d’un berger.
Libre de l’heure ancienne
aiguisée à la nuque
de frontière à frontière
tu es sans âge
sur un fleuve qui s’anime.
A la proue d’une joie
tu adviens, impunie
dans une mort effacée.
Quine Chevalier
Blessure raphia, page 5
Hors du bruit qui cimente la ville,
qu’as-tu vu en ce jour pour inquiète mémoire
quelle perte sanglante fait baisser le regard ?
Pigment de bruits
les yeux se ferment
Lèvre déliée au savon noir
S’enfuit comme voleur
sur le hublot du souvenir
l’aéroport.
Dans le train vers Tanger
il n’y a pas d’air
A peine une fenêtre étroite
où respirer. Murs étiolés
entre les arbres.
A l’abri de pierres sombres, des ânes
tannés de sel et de mémoire.
Tu t’inquiètes du rien, ton cœur vit à l’étroit
dans une cage à colibris.
Quine Chevalier
Blessure raphia, page 2
Terrasses blanches et de zéliges
palmes berçant la nuit des rois
Avec des flèches de bois rose
le cœur touché
ne quitte pas
Avec des arbres pour navire
et la musique au bout des doigts
un homme danse ses vertiges
l’ombre descend
Rythme andalou et fleur mortelle
Roi phénicien dort dans la pierre
entre Tanger et l’autre rive
à bout de larmes
Une nuit immense qui s’éveille
Quine Chevalier
Blessure raphia, page 1
Bol de terre rouge
où tourmenter ma lèvre
moins vite que le train
des camions descendent
au péril du voyage
geste d’eau à portée,
le corps en transhumance
hors de l’aride, et tu goûtes
comme une agave déchirée
sur ton visage en sommeil
l’envergure sciée du vent.
Miel comme jamais-vertige
creusant à l’aine
une étoile.
Nous quittons les terres dessinées
à la source secrète.
Ruisselets clairs entre les grains meubles,
quelle offense d’un soir
vers le ciel veut jaillir ?
Quine Chevalier
Blessure raphia, page 4
Le miel fait défaut et la route
tremble de toute part.
Tu vis ici comme un ailleurs,
ton visage que dit-il sur l’envers des carènes ?
Filent les bancs verts de roseaux,
grimpent au bord de mer toutes les vignes
vers Tanger.
Au fond des terres déchiffrées tu comptes
les moissons de grappes.
La mer augmente
le poème muet. Que ne s’élève-t-il au-delà
des traverses.
Pierres tantôt blanches, le sel instaure
son royaume. Entrelacs du vent
où paissent
rudement les agneaux en errance.
Où va celui qui perd son billet
et donne deux fois pour la route inachevée ?
Le jeune garçon aux yeux noirs
ouvre vers la mer
un judas au verre translucide.
Quine Chevalier
Blessure raphia, page 3
votre commentaire
-
Par Francois Szabo dans 100 000 Poets for change Montpellier 24th September 2011 le 1 Décembre 2011 à 16:53
Monia Boulila
Absence
Je suis absente !
Tu m’as laissée entre parenthèses
Entre la nostalgie et la braise.
Je me cherche, je me trouve dans ta paume,
Je cherche tes yeux, je trouve un fantôme !
Je suis absente !
Tu m’as laissée sur une vague géante
Entre un baiser et une tendresse frissonnante
Je me cherche, je me trouve dans tes yeux
Je cherche ta main, je touche le feu
Je suis absente !
Tu m’as prise avec toi,
Je veux revenir vers moi,
Mais le temps s’est figé sur un point du mois !
3/11/07
Hymne à la vie
Mensonge ou espoir ?
Cette lumière aux yeux noirs ?
Qu’on fait sortir de son miroir
Pour se faire l’illusion de bien voir ?
Mensonge ou volonté ?
Cette force silencieuse bandée
Qu’on fait sortir de sa main dénudée
Pour se faire des ailes faciles à porter.
Mensonges ou amour ?
Cette ferveur de la nuit et du jour
Qui vibre, en nous, toujours
Qu’on laisse grandir et grandir
Et on s’en va ailleurs pour mourir…
3/11/07
Je cesserai de t’aimer ?
Quand je t’aime,
Le jour m’emmène aux rides
La nuit m’emmène aux regrets
Le soleil m’emmène aux flammes
La lune m’emmène au mirage
Le rêve m’emmène aux vertiges
Le poème m’emmène à l’illusion
Quand tu m’aimes,
Le jour m’emmène à la jeunesse
La nuit m’emmène à l’ivresse
Le soleil m’emmène au ciel
La lune m’emmène aux rivages
Le rêve m’emmène aux promesses
Le poème m’emmène à toi !
Aimes-moi, je cesserai de t’aimer ?
Murs
Un mur de neige
Dans les mains chaudes.
Un mur de silence
Dans la bouche assoiffée.
Un mur de larmes
Dans les yeux passionnés !
Un mur de flammes
Dans le cœur blanc.
Un mur de doutes
Dans l’esprit fleuri.
Un mur d’amertumes
Dans l’âme radieuse.
Un mur d’obscurité
Cachant l’aube de l’espoir.
Mais derrière tous les murs la vie reste si belle !!!
votre commentaire
-
Par Francois Szabo dans 100 000 Poets for change Montpellier 24th September 2011 le 1 Décembre 2011 à 16:50
Marie-Agnès Salehzada
Jardin d’Eden
C’est une montagne de fruits qui ruisselle,
En émerge une cascade de cerises,
Un dégringolé de mangues, de kiwis, de figues, d’agrumes et de pêches.
Les vendeurs s’activent, bruissent au milieu des clients,
Dattes et piments pendent en grappes vermeil,
Des potirons exhibent leurs mines joufflues,
Les bananes dansent sur les fils,
Les avocats dressent leurs jabots,
Les saveurs titillent le palais,
Jouent avec le plaisir des yeux et attirent le passant,
Comme en un tableau de fleurs,
La tentation à l’état pur,
Le rêve d’Adam et Eve,
Ebahis au milieu d’un jardin d’Eden !
On vit au rythme de l’Espagne,
Celle des halles et des marchés,
Celle des ménagères et leur panier,
Celle des maraîchers tout affairés.
On y sent en plus de riches fragrances,
Du désir de faire plaisir,
Un épicurisme aux mille saveurs.
On perçoit le brouhaha des halles,
On s’enivre des odeurs,
On respire du bonheur…
Il en aura fallu de la sueur et du travail
Pour produire cette opulence,
Il en aura fallu des émigrés et des clandestins
Dissimulés sous des bâches,
Il en aura fallu de la souffrance et des rêves brisés !
Mais on n’est pas là pour faire les rabat-joie,
On n’est là que dans l’instant,
Dans la sensualité de l’émotion,
Dans l’instantané du ressenti !
On pourrait aussi espérer
Qu’ils soient nombreux à pouvoir consommer sur ce marché,
Qu’ils n’aient pas à se priver !
Mais on va juste respirer,
Effleurer le fruit charnu,
Et le porter à nos lèvres gourmandes !
Marie-Agnès Salehzada Tridon 09 09 2011 Juvignac
Paris en bouteille
Tu me demandes : « Comment fais-tu pour écrire ? »
Mais écrire, c’est un peu partir…
Partir à la recherche de l’autre, de ses combats, de ses peines.
Partir vers de nouveaux horizons :
Ceux que l’on a visités mais aussi ceux qu’on ne verra jamais !
Et partir dans ses rêves, vers son imaginaire, vers ses chers disparus.
Feuilleter une à une toutes les pages de sa vie,
Des intimes paysages jusqu’aux plus fougueuses dérives !
Prendre le large avec Nerval, nager dans la grotte où se prélassent les sirènes,
Avec Baudelaire percevoir les longs échos des voix chères qui se sont tues,
Avec Victor venir sur sa tombe poser un bouquet de houx vert et de bruyères en fleurs
Et rejoindre Albert Camus sur les pentes abruptes de Tipaza.
Partir à la recherche de soi, de ses intimes convictions,
Fixer l’imaginaire, comme Musset retenir la pensée
« Sur un bel axe d’or la tenir balancée ».
Se retrouver un peu dans l’autre aussi :
Celui qui vit en Asie en Papouasie ou en Nouvelle-Guinée,
Vibrer sur tous le carnavals du monde,
Se déguiser, adopter des teintes enchantées
Et revêtir des masques,
Se trémousser sur des cadences chaloupées.
Être dans son petit coin à soi et naviguer bord sur bord,
Embarquer dans un fier galion,
Retrouver l’Amérique celle de Christophe Colomb,
Ses dangereux récifs et la Marie-Galante,
Se repérer au sextant, chercher l’étoile polaire.
Mettre la cap là où l’on n’ira jamais,
Mais peut-être mieux le voir que si l’on y était !
Croquer les images en rêve, mettre Paris en bouteille
Et rire aussi sur ce que l’on a écrit,
Ouvrir les portes de la fantaisie, c’est cela aussi !
Marie-Agnès Salehzada Tridon
11 03 2011 Juvignac
Une femme s’est mise à pleurer
On n’était plus au temps de Hugo
On n’était plus au temps de Zola
On était au 21ième siècle
Un siècle de communication
En haute définition et en adsl
C’était le siècle des individualismes
Le temps du chacun pour soi
On surfait, on consommait,
On savait presque plus faire que ça !
Pourtant on s’était posés là,
On s’étaient rassemblés en un mouvement de solidarité,
On avait voulu espérer,
Les fruits du verger des Hespérides étaient nombreux
Espérer quelques retombées pour ceux qui oeuvraient
Pas une condescendance jetée du bout des lèvres,
Juste de quoi les faire taire,
Plutôt une reconnaissance, un rebond pour les salaires
Chaque soir nous voyait épuisés
Rentrer chez nous après avoir tourné toute la journée
Toujours et toujours bredouille,
Pourtant on savait qu’on reviendrait,
Que demain encore on chanterait, encore on crierait
Et peut être on danserait !
Mais, cette femme s’est mise à pleurer !
Ces pleurs c’était tout un espoir qui s’effondrait,
Un visage buriné sur lequel les larmes ruisselaient
Un visage déformé par la peine et l’humiliation.
J’ai alors pensé :
« Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau »
C’était la chanson de Gavroche !
Des femmes qui pleuraient,
Parfois on en croisait,
Mais ces traits crispés, intériorisés sur la tristesse
C’était la même détresse que du temps de Prévert,
Un être pris les doigts dans la portière !
La peine universelle,
Qui n’avait plus de pays,
N ’avait plus d’époque.
La révélation de l’injustice,
Celle qu’on préférait nommer fatalité,
Plus ou moins cachée,
Il fallait parfois gratter pour la déceler,
Mais elle était toujours là,
Embusquée derrière ce regard
Et ces yeux noyés de chagrin.
Marie Agnès Salehzada Tridon 04 05 2010
votre commentaire
-
Par Francois Szabo dans 100 000 Poets for change Montpellier 24th September 2011 le 1 Décembre 2011 à 16:44
POEMES LUS DE ET PAR MARTINE BIARD
LE 24 SEPTEMBRE 2011
A MONTPELLIER ( FRANCE )
RASSEMBLEMENT DU WORLD POETRY MOVEMENT 100000 POETS
DEVANT LA MAISON DE LA POESIE DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
A L' INITIATIVE DE FRANCOIS SZABO
ABORDAGE
Peut-être qu' il y a dans tout cela quelques bateaux
Cette fois encore, la crainte du mot qui n' en dit pas assez long.
Cette absence du dire qui nous tient lieu d' écho.
Le sort radieux nous tend la clé,
on lit Eschyle, cet éclair du regard
Où plonge souvent le mien.
On est déjà dans la fête
Avant l' arrivée de celui qu' on attend.
Tu m' aides à reconstruire
Tu m' aides à revenir.
Alors peut commencer le folklore des mots
C' est au-delà que l' on accueille
En ouvrant la porte à grands battants,
Sous le rideau de pluie,
Dans l' odeur des figuiers
Exaltée comme nous.
COSTA RICA
Et lui déboulait sur les chemins comme un Orient incandescent
Exaltant à ne donner plus rien à part le travail et de la nuit peut-être
Quelque écriture plutôt d' alcool.
A donner moins sur rien
Et pourtant là-bas
Des mouettes en vain traversaient l' été.
Alors nos pas revenaient sur des plages
Que le soleil encore irradiait de son âge
Avec, dans nos sandales, des cigales,
Et le coeur en réserve de soi
Que le matin surprendrait à faire d' un rien
Des trous dans le filet, que la pêche le soir avait suffit à pendre !
La mer à rendre raides, le sel à corroder,
Les jours de vent sans fin,
Les jours de vent du Large
Où ne rien apporter équivalait à surseoir
Des jours de fêtes, des trains à prendre,
Un baiser à se donner.
En attendant le soir, le filet, et puis rien
Car enfin, la mer étale,
La mer gourmande ravit et masque
Ton ombre inclinée.
Le vieil homme sait bien qu' il perd le goût du sel,
L' ombre des jours sans nom
Et jusqu' à la tâche noire qui masque le soleil trop vif.
Tâche d' un coin qu' oublie la mer et que le monde attend.
Le monde attend qu' il revienne,
Le monde a ses avis sur tout mais la barque étincelle.
La barque au loin s' en va,
C' est qu' Hemingway
Reste avec moi.
RETROUVAILLES INEDITES
Ceux que j' appelle
Par leur nom
Et qui n' ont plus de nom
Ceux qui sont devenus
Ceux que j' aimais beaucoup,
Les ai-je aimés assez ?
Et puis te revoilà clos sur le monde
Partagé entre une aurore
Et de nouveaux succès,
Tel un cheval qui piaffe
Dans un essaim d' abeilles.
Dans ton antre
Comme un ventre
L' éclat parfumé
D' un thé
Une guitare
Et trois chansons
Dont nous savons qu' elles n' ont plus d' importance.
De plus loin revient la démesure
De nos gestes inscrits dans plus loin que l' aurore.
Ce chant partagé qui cherche ses dépositaires
Nous laisse en un clin d' oeil
L' art de nous bien taire.
Au delà des saisons,
Des éclats,
Du Pardon
Au delà de nous-mêmes
La Terre et ces moissons
Comme gorgée d' orange
Nous projettent en vermeil sur un grand tapis vert.
Une main blesse et joue la part de nous cachée.
Rien d' obscur, simple distance.
Rien de notre silence
N' atteint cette guitare
Qui de très loin se tait.
Et reste dans la mer
L' éclat de nos saisons
Qui n' ont plus de sanglots
Qui se rêvent à nouveau
Qui sont comme un sillon
Qui pèse sur le monde.
Dans l' étoffe, tous nos gestes froissés
Sont devenus des signes.
Ton sourire même est intérieur
Peut-être enfin libre de m' atteindre.
Et je chante au présent
Ton nom qui me dit oui.
Chacun a dans son coeur
Un cercle de lumière
Et sa part de sable
A l' ombre des enfants
Qui nous rejoignent en baisers doux.
Ainsi le ciel en toi se tait,
Et me donne à rêver
De ce qui t' habite.
Dans les volutes de juillet
Un enfant né
Des temps d' aurore.
Là-bas, très loin,
Dans les champs,
Avec les vagues
De marées hautes.
Extraits du recueil " Les Sentinelles du désir "
de Martine Biard
Editions Grau-Mots. Gard. France.
Mars 2011
ISBN: 978-2-919155-05-7
votre commentaire
-
Par Francois Szabo dans 100 000 Poets for change Montpellier 24th September 2011 le 1 Décembre 2011 à 11:50
Christian Malaplate
JE SUIS UN VOYAGEUR DE LA NUIT
Je suis un voyageur de la nuit qui marche sur les toiles des songes.
Je parcours les reliefs des métaphores comme un navigateur sans boussole.
Dans les couloirs du temps nocturne passent des images métamorphosées
Qui viennent des lointains recoins de mon âme, et qui étalent des paysages pastel
Avec parfois de grands halos laiteux baignés d’une aura de mystère.
Je suis un voyageur de la nuit qui ne compte pas les étoiles mais qui suit
Lentement la voie lactée, les lueurs spectrales et les éclats lunaires.
Je parcours les veines profondes des rives du fleuve du temps.
Dans les cartographies pérennes de la nuitée qui abolit tout,
Se dessinent les contours des îles désertes et les terres incultes.
Je suis un voyageur de la nuit qui longe les quais brumeux
Et les embarcadères où s’entreposent les marchandises tropicales.
Je parcours des lieux de silence et des havres de l’esprit.
Je cherche toujours les jalons pierreux qui mènent aux autels reliquaires
Et aux sillons dorés des moissons qui donneront la nourriture du corps mémorable.
Je suis un voyageur de la nuit qui cherche les traces des premiers feux,
Des premières incantations et des premières créations argileuses.
Je parcours les nuages porteurs de semence et les grands vents talismaniques,
Les miroirs des limbes, les musées imaginaires et les steppes épineuses.
J’entends venir les chants de carnaval dans le grand balancement des lanternes.
Je suis un voyageur de la nuit dans le dédale infini des rêves obsédants,
Des ébauches rudimentaires, des douleurs lancinantes et des amours inclinées.
Je parcours les petites aventures près des tonnelles fleuries et des haies odoriférantes.
Les attrayantes illusions donnent à la nuit profonde la science du bien et du mal,
Et convergent vers les cycles immuables des prairies de l’âme.
MONTPELLIER
15 octobre 2009
ETRANGE VOYAGEUR VENU DE LA NUIT DES TEMPS
Etrange voyageur venu de la nuit des temps
Par les chemins de transhumance des hommes,
Balayés par des vents de poussière mémorielle,
Et tachetés dans l’argile de plaques solaires.
Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
Qui jalonne ses pas de grosses pierres plates,
De stèles cunéiformes, d’énigmatiques traces,
Et de feux allumés par des étincelles de silex.
Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
Qui traverse les déserts les plus inhospitaliers,
Les plaines grouillantes de bêtes sauvages,
Et qui s’arrête au bord des lacs miroirs de la lune.
Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
Dont le regard suit la voie lactée,
Pour atteindre des aubes incandescentes,
Et des crépuscules endeuillés.
Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
Qui bâtit des offertoires et des autels pour des sacrifices
Où la lame abreuve la pierre philosophale
Et apaise la tyrannie des Dieux immoraux.
Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
Porteur de farouches messages et d’éternelles prévisions secrètes
Comme pour donner à la terre les couleurs de la guerre,
Et les rives martelées de litanies sans fin.
Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
Des grottes gardiennes du feu sacré
Aux cités lacustres bâties sur des étangs protecteurs,
Des vallées caillouteuses aux sombres cavités ossuaires.
Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
Parmi des fleurs carnivores et des lianes enchevêtrées,
Porteur des échos lointains de l’aube humaine,
Et des violents traits abrasifs des orages qui déchirent le ciel.
Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
Parmi les cérémonies tribales, les invocations célestes,
Les incantations nocturnes, les sèves de révolte,
Et les longues lueurs spectrales des astres invoqués.
Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
Avec le langage des signes, la parole qui s’est faite chair,
Les bréviaires, les livres de vie et de mort,
Les grimoires, les enluminures et les guides des lieux saints.
Etrange voyageur venu de la nuit des temps
Porteur de communion et tisseur d’espérance,
Dans le labyrinthe toujours recommencé
Des nouvelles dentelures et ciselures pascales.
Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
Veilleur inlassable sur les chemins de grande pénitence,
Guetteur des ombres dansantes, des souffles divins,
Des lueurs vespérales et de l’alchimie secrète.
Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
Ramasseur de galet noir, éclaireur testamentaire
Des hagiographies, des voies où souffle le paraclet,
Des vapeurs d’encens et des gouttelettes de baptême.
Etrange voyageur venu de la nuit des temps,
Qui peu à peu laisse des traces de lumière,
Dans la contemplation d’une terre pleine de suc,
Prête à abreuver le quêteur d’horizon nouveau.
MONTPELLIER
29 mai 2010
votre commentaire