-
Par Francois Szabo dans 100 000 Poets for change Montpellier 24th September 2011 le 1 Décembre 2011 à 17:04
Daniel Frayssinet
Foin de terre brûlée.
Après moi, l’herbe repousse.
À mes trousses, à mes mollets,
mord la lisière d’une forêt
démembrée, remembrée
au gré des politiques sentimentales
communes.
J’ai tant planté, tant essaimé
que si un jour je reviens en arrière,
il me faudra une machette et à mes pognes cracher
pour rouvrir une voie qui mène au clair où dorment mes projets d’hier.
Point de cailloux semés.
Après moi, le chemin s’efface.
À ma suite, à mes basques,
mord une louve bâillonnée,
acharnée, décharnée
au gré des soubresauts hormonaux
courants.
J’ai tant hurlé à l’intérieur, tellement pour rien
que si un jour je parviens à te parler
il me faudra une mâchoire et mon portrait craché pour que, derrière l’étranger,
tu acceptes de voir
que celui que je suis en train de devenir
je l’étais déjà,
je l’ai toujours été.
De mes doigts froissés de regrets, j’ai renoué le drap.
Du drap poissé d’obéissance, j’ai fait mon balluchon.
Je ne pouvais plus me laisser mettre en terre, sous les tulipes « bec de perroquet ».
Et j’ai marché,
et je me suis perdu,
et je me suis trouvé.
Tellement perdu
que même l’aimant de mon coccyx ne saurait m’y ramener,
au pied du sycomore
et tellement trouvé
que le lynx, par ma voix, hurle encore :
« Et pourquoi faudrait-il y retourner,
maintenant que je sais que même les vivants étaient peut-être déjà morts,
au pied du sycomore ? ».
affable,
je t’attends au guichet de la fabrique des faux,
débonnaire, on peut dire, en dépit de la peur,
je t’accueille au comptoir du magasin des masques.
Approche, ne crains rien, approche !
Allez ! Regarde-moi !
Bien en face, si tu peux.
Marque de ton encoche, l’arc de mon regard,
qui, pour te soupeser, ce sournois,
copine et tangente le tien.
Regarde-moi, je te dis !
Comment veux-tu sinon
que je sois celui que je pense que tu penses que je suis !
On t’as pas prévenu ?
J’ai pas de fond, j’ai pas de face, j’ai que de la surface.
Je suis un boomerang dont l’effigie bifide
retourne vers chacun le visage qu’il veut voir.
Pour toi, ce soir… voyons… quelle figure ?
Je peux t’offrir
remontée du bourbier des mythologies complaisantes,
ma bouille rebondie d’éphèbe blond,
docile, labile, charmeur.
Je te conseille de t’en méfier !
Sinon, je te propose ma face cadenassée de cap’tain scarifié
pendue, rasée de près, au croc des ronrons matinaux…
mais…
tu n’en tireras pas grand chose !
Désolé
mais c’est la singularité même des Gémeaux
de n’avoir pas de singulier.
Et ?
Mes paroles ?
Mes avis, mes paroles, je viendrai les copier sur le pas de ta porte
et nous serons d’accord,
toujours d’accord
forcément d’accord
puisque telle est ma volonté
et puisqu’il n’y a qu’avec moi-même que je consens à ne pas m’accorder :
une dissonance fondamentale de quarante ans sonnés,
une paille !
Pas grand chose, au final :
à l’once près, le quintal d’une poutre.
L’idée serait…
qu’il faut tirer la langue
loin
hors de portée des épées courbes et des toupets de casoars
loin
jusqu’au galet nodal qu’il faudra dégueuler
rose, gris, beige ou noir.
Plisser les yeux, laisser venir, plisser les yeux.
L’ombre portée de nos doigts gourds,
la suivre,
l’agonir de caresses
jusqu’à en soulever la trace.
Laisser venir, jamais gommer, laisser venir.
Accepter toutes les excroissances :
crêtes, voiles, branches ou mèches rebelles
puisqu’elles nous délimitent au delà du contour.
Jamais gommer, laisser monter, jamais gommer.
Malgré le poids sur les épaules,
malgré la soif et la fatigue,
en dépit de la fragilité qui est notre charpente,
laisser monter.
Laisser monter
le profil et les fanes,
les rites et les ratures,
la mosaïque si peu jointive de nos nervures.
Laisser monter
et puis...
trembler en se reconnaissant :
« C’est petit, c’est étroit un corps d’humain debout dans le plein feu des phares »
Trembler et jubiler pourtant :
« C’est immense, c’est sans fond, un corps d’homme-fakir sur le chaume des lettres,
fuyant de toutes parts, transpercé d’écriture,
tiré par une langue
qui s’invente
sous ses yeux ».
votre commentaire -
Par Francois Szabo dans 100 000 Poets for change Montpellier 24th September 2011 le 1 Décembre 2011 à 16:58
Quine Chevalier
Arrêt du train. Pas une goutte ne s’échappe
du seau des maçons.
Tôles flanquées dans la boue
blessure raphia.
Ni faim ni soif, des heures de sommeil
en attente, empilées.
Instance de source
par magie s’ouvrent
des ravines qu’entoure
à midi l’épaule nue d’un berger.
Libre de l’heure ancienne
aiguisée à la nuque
de frontière à frontière
tu es sans âge
sur un fleuve qui s’anime.
A la proue d’une joie
tu adviens, impunie
dans une mort effacée.
Quine Chevalier
Blessure raphia, page 5
Hors du bruit qui cimente la ville,
qu’as-tu vu en ce jour pour inquiète mémoire
quelle perte sanglante fait baisser le regard ?
Pigment de bruits
les yeux se ferment
Lèvre déliée au savon noir
S’enfuit comme voleur
sur le hublot du souvenir
l’aéroport.
Dans le train vers Tanger
il n’y a pas d’air
A peine une fenêtre étroite
où respirer. Murs étiolés
entre les arbres.
A l’abri de pierres sombres, des ânes
tannés de sel et de mémoire.
Tu t’inquiètes du rien, ton cœur vit à l’étroit
dans une cage à colibris.
Quine Chevalier
Blessure raphia, page 2
Terrasses blanches et de zéliges
palmes berçant la nuit des rois
Avec des flèches de bois rose
le cœur touché
ne quitte pas
Avec des arbres pour navire
et la musique au bout des doigts
un homme danse ses vertiges
l’ombre descend
Rythme andalou et fleur mortelle
Roi phénicien dort dans la pierre
entre Tanger et l’autre rive
à bout de larmes
Une nuit immense qui s’éveille
Quine Chevalier
Blessure raphia, page 1
Bol de terre rouge
où tourmenter ma lèvre
moins vite que le train
des camions descendent
au péril du voyage
geste d’eau à portée,
le corps en transhumance
hors de l’aride, et tu goûtes
comme une agave déchirée
sur ton visage en sommeil
l’envergure sciée du vent.
Miel comme jamais-vertige
creusant à l’aine
une étoile.
Nous quittons les terres dessinées
à la source secrète.
Ruisselets clairs entre les grains meubles,
quelle offense d’un soir
vers le ciel veut jaillir ?
Quine Chevalier
Blessure raphia, page 4
Le miel fait défaut et la route
tremble de toute part.
Tu vis ici comme un ailleurs,
ton visage que dit-il sur l’envers des carènes ?
Filent les bancs verts de roseaux,
grimpent au bord de mer toutes les vignes
vers Tanger.
Au fond des terres déchiffrées tu comptes
les moissons de grappes.
La mer augmente
le poème muet. Que ne s’élève-t-il au-delà
des traverses.
Pierres tantôt blanches, le sel instaure
son royaume. Entrelacs du vent
où paissent
rudement les agneaux en errance.
Où va celui qui perd son billet
et donne deux fois pour la route inachevée ?
Le jeune garçon aux yeux noirs
ouvre vers la mer
un judas au verre translucide.
Quine Chevalier
Blessure raphia, page 3
votre commentaire -
Par Francois Szabo dans 100 000 Poets for change Montpellier 24th September 2011 le 1 Décembre 2011 à 16:53
Monia Boulila
Absence
Je suis absente !
Tu m’as laissée entre parenthèses
Entre la nostalgie et la braise.
Je me cherche, je me trouve dans ta paume,
Je cherche tes yeux, je trouve un fantôme !
Je suis absente !
Tu m’as laissée sur une vague géante
Entre un baiser et une tendresse frissonnante
Je me cherche, je me trouve dans tes yeux
Je cherche ta main, je touche le feu
Je suis absente !
Tu m’as prise avec toi,
Je veux revenir vers moi,
Mais le temps s’est figé sur un point du mois !
3/11/07
Hymne à la vie
Mensonge ou espoir ?
Cette lumière aux yeux noirs ?
Qu’on fait sortir de son miroir
Pour se faire l’illusion de bien voir ?
Mensonge ou volonté ?
Cette force silencieuse bandée
Qu’on fait sortir de sa main dénudée
Pour se faire des ailes faciles à porter.
Mensonges ou amour ?
Cette ferveur de la nuit et du jour
Qui vibre, en nous, toujours
Qu’on laisse grandir et grandir
Et on s’en va ailleurs pour mourir…
3/11/07
Je cesserai de t’aimer ?
Quand je t’aime,
Le jour m’emmène aux rides
La nuit m’emmène aux regrets
Le soleil m’emmène aux flammes
La lune m’emmène au mirage
Le rêve m’emmène aux vertiges
Le poème m’emmène à l’illusion
Quand tu m’aimes,
Le jour m’emmène à la jeunesse
La nuit m’emmène à l’ivresse
Le soleil m’emmène au ciel
La lune m’emmène aux rivages
Le rêve m’emmène aux promesses
Le poème m’emmène à toi !
Aimes-moi, je cesserai de t’aimer ?
Murs
Un mur de neige
Dans les mains chaudes.
Un mur de silence
Dans la bouche assoiffée.
Un mur de larmes
Dans les yeux passionnés !
Un mur de flammes
Dans le cœur blanc.
Un mur de doutes
Dans l’esprit fleuri.
Un mur d’amertumes
Dans l’âme radieuse.
Un mur d’obscurité
Cachant l’aube de l’espoir.
Mais derrière tous les murs la vie reste si belle !!!
votre commentaire -
Par Francois Szabo dans 100 000 Poets for change Montpellier 24th September 2011 le 1 Décembre 2011 à 16:50
Marie-Agnès Salehzada
Jardin d’Eden
C’est une montagne de fruits qui ruisselle,
En émerge une cascade de cerises,
Un dégringolé de mangues, de kiwis, de figues, d’agrumes et de pêches.
Les vendeurs s’activent, bruissent au milieu des clients,
Dattes et piments pendent en grappes vermeil,
Des potirons exhibent leurs mines joufflues,
Les bananes dansent sur les fils,
Les avocats dressent leurs jabots,
Les saveurs titillent le palais,
Jouent avec le plaisir des yeux et attirent le passant,
Comme en un tableau de fleurs,
La tentation à l’état pur,
Le rêve d’Adam et Eve,
Ebahis au milieu d’un jardin d’Eden !
On vit au rythme de l’Espagne,
Celle des halles et des marchés,
Celle des ménagères et leur panier,
Celle des maraîchers tout affairés.
On y sent en plus de riches fragrances,
Du désir de faire plaisir,
Un épicurisme aux mille saveurs.
On perçoit le brouhaha des halles,
On s’enivre des odeurs,
On respire du bonheur…
Il en aura fallu de la sueur et du travail
Pour produire cette opulence,
Il en aura fallu des émigrés et des clandestins
Dissimulés sous des bâches,
Il en aura fallu de la souffrance et des rêves brisés !
Mais on n’est pas là pour faire les rabat-joie,
On n’est là que dans l’instant,
Dans la sensualité de l’émotion,
Dans l’instantané du ressenti !
On pourrait aussi espérer
Qu’ils soient nombreux à pouvoir consommer sur ce marché,
Qu’ils n’aient pas à se priver !
Mais on va juste respirer,
Effleurer le fruit charnu,
Et le porter à nos lèvres gourmandes !
Marie-Agnès Salehzada Tridon 09 09 2011 Juvignac
Paris en bouteille
Tu me demandes : « Comment fais-tu pour écrire ? »
Mais écrire, c’est un peu partir…
Partir à la recherche de l’autre, de ses combats, de ses peines.
Partir vers de nouveaux horizons :
Ceux que l’on a visités mais aussi ceux qu’on ne verra jamais !
Et partir dans ses rêves, vers son imaginaire, vers ses chers disparus.
Feuilleter une à une toutes les pages de sa vie,
Des intimes paysages jusqu’aux plus fougueuses dérives !
Prendre le large avec Nerval, nager dans la grotte où se prélassent les sirènes,
Avec Baudelaire percevoir les longs échos des voix chères qui se sont tues,
Avec Victor venir sur sa tombe poser un bouquet de houx vert et de bruyères en fleurs
Et rejoindre Albert Camus sur les pentes abruptes de Tipaza.
Partir à la recherche de soi, de ses intimes convictions,
Fixer l’imaginaire, comme Musset retenir la pensée
« Sur un bel axe d’or la tenir balancée ».
Se retrouver un peu dans l’autre aussi :
Celui qui vit en Asie en Papouasie ou en Nouvelle-Guinée,
Vibrer sur tous le carnavals du monde,
Se déguiser, adopter des teintes enchantées
Et revêtir des masques,
Se trémousser sur des cadences chaloupées.
Être dans son petit coin à soi et naviguer bord sur bord,
Embarquer dans un fier galion,
Retrouver l’Amérique celle de Christophe Colomb,
Ses dangereux récifs et la Marie-Galante,
Se repérer au sextant, chercher l’étoile polaire.
Mettre la cap là où l’on n’ira jamais,
Mais peut-être mieux le voir que si l’on y était !
Croquer les images en rêve, mettre Paris en bouteille
Et rire aussi sur ce que l’on a écrit,
Ouvrir les portes de la fantaisie, c’est cela aussi !
Marie-Agnès Salehzada Tridon
11 03 2011 Juvignac
Une femme s’est mise à pleurer
On n’était plus au temps de Hugo
On n’était plus au temps de Zola
On était au 21ième siècle
Un siècle de communication
En haute définition et en adsl
C’était le siècle des individualismes
Le temps du chacun pour soi
On surfait, on consommait,
On savait presque plus faire que ça !
Pourtant on s’était posés là,
On s’étaient rassemblés en un mouvement de solidarité,
On avait voulu espérer,
Les fruits du verger des Hespérides étaient nombreux
Espérer quelques retombées pour ceux qui oeuvraient
Pas une condescendance jetée du bout des lèvres,
Juste de quoi les faire taire,
Plutôt une reconnaissance, un rebond pour les salaires
Chaque soir nous voyait épuisés
Rentrer chez nous après avoir tourné toute la journée
Toujours et toujours bredouille,
Pourtant on savait qu’on reviendrait,
Que demain encore on chanterait, encore on crierait
Et peut être on danserait !
Mais, cette femme s’est mise à pleurer !
Ces pleurs c’était tout un espoir qui s’effondrait,
Un visage buriné sur lequel les larmes ruisselaient
Un visage déformé par la peine et l’humiliation.
J’ai alors pensé :
« Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau »
C’était la chanson de Gavroche !
Des femmes qui pleuraient,
Parfois on en croisait,
Mais ces traits crispés, intériorisés sur la tristesse
C’était la même détresse que du temps de Prévert,
Un être pris les doigts dans la portière !
La peine universelle,
Qui n’avait plus de pays,
N ’avait plus d’époque.
La révélation de l’injustice,
Celle qu’on préférait nommer fatalité,
Plus ou moins cachée,
Il fallait parfois gratter pour la déceler,
Mais elle était toujours là,
Embusquée derrière ce regard
Et ces yeux noyés de chagrin.
Marie Agnès Salehzada Tridon 04 05 2010
votre commentaire -
Par Francois Szabo dans 100 000 Poets for change Montpellier 24th September 2011 le 1 Décembre 2011 à 16:44
POEMES LUS DE ET PAR MARTINE BIARD
LE 24 SEPTEMBRE 2011
A MONTPELLIER ( FRANCE )
RASSEMBLEMENT DU WORLD POETRY MOVEMENT 100000 POETS
DEVANT LA MAISON DE LA POESIE DU LANGUEDOC-ROUSSILLON
A L' INITIATIVE DE FRANCOIS SZABO
ABORDAGE
Peut-être qu' il y a dans tout cela quelques bateaux
Cette fois encore, la crainte du mot qui n' en dit pas assez long.
Cette absence du dire qui nous tient lieu d' écho.
Le sort radieux nous tend la clé,
on lit Eschyle, cet éclair du regard
Où plonge souvent le mien.
On est déjà dans la fête
Avant l' arrivée de celui qu' on attend.
Tu m' aides à reconstruire
Tu m' aides à revenir.
Alors peut commencer le folklore des mots
C' est au-delà que l' on accueille
En ouvrant la porte à grands battants,
Sous le rideau de pluie,
Dans l' odeur des figuiers
Exaltée comme nous.
COSTA RICA
Et lui déboulait sur les chemins comme un Orient incandescent
Exaltant à ne donner plus rien à part le travail et de la nuit peut-être
Quelque écriture plutôt d' alcool.
A donner moins sur rien
Et pourtant là-bas
Des mouettes en vain traversaient l' été.
Alors nos pas revenaient sur des plages
Que le soleil encore irradiait de son âge
Avec, dans nos sandales, des cigales,
Et le coeur en réserve de soi
Que le matin surprendrait à faire d' un rien
Des trous dans le filet, que la pêche le soir avait suffit à pendre !
La mer à rendre raides, le sel à corroder,
Les jours de vent sans fin,
Les jours de vent du Large
Où ne rien apporter équivalait à surseoir
Des jours de fêtes, des trains à prendre,
Un baiser à se donner.
En attendant le soir, le filet, et puis rien
Car enfin, la mer étale,
La mer gourmande ravit et masque
Ton ombre inclinée.
Le vieil homme sait bien qu' il perd le goût du sel,
L' ombre des jours sans nom
Et jusqu' à la tâche noire qui masque le soleil trop vif.
Tâche d' un coin qu' oublie la mer et que le monde attend.
Le monde attend qu' il revienne,
Le monde a ses avis sur tout mais la barque étincelle.
La barque au loin s' en va,
C' est qu' Hemingway
Reste avec moi.
RETROUVAILLES INEDITES
Ceux que j' appelle
Par leur nom
Et qui n' ont plus de nom
Ceux qui sont devenus
Ceux que j' aimais beaucoup,
Les ai-je aimés assez ?
Et puis te revoilà clos sur le monde
Partagé entre une aurore
Et de nouveaux succès,
Tel un cheval qui piaffe
Dans un essaim d' abeilles.
Dans ton antre
Comme un ventre
L' éclat parfumé
D' un thé
Une guitare
Et trois chansons
Dont nous savons qu' elles n' ont plus d' importance.
De plus loin revient la démesure
De nos gestes inscrits dans plus loin que l' aurore.
Ce chant partagé qui cherche ses dépositaires
Nous laisse en un clin d' oeil
L' art de nous bien taire.
Au delà des saisons,
Des éclats,
Du Pardon
Au delà de nous-mêmes
La Terre et ces moissons
Comme gorgée d' orange
Nous projettent en vermeil sur un grand tapis vert.
Une main blesse et joue la part de nous cachée.
Rien d' obscur, simple distance.
Rien de notre silence
N' atteint cette guitare
Qui de très loin se tait.
Et reste dans la mer
L' éclat de nos saisons
Qui n' ont plus de sanglots
Qui se rêvent à nouveau
Qui sont comme un sillon
Qui pèse sur le monde.
Dans l' étoffe, tous nos gestes froissés
Sont devenus des signes.
Ton sourire même est intérieur
Peut-être enfin libre de m' atteindre.
Et je chante au présent
Ton nom qui me dit oui.
Chacun a dans son coeur
Un cercle de lumière
Et sa part de sable
A l' ombre des enfants
Qui nous rejoignent en baisers doux.
Ainsi le ciel en toi se tait,
Et me donne à rêver
De ce qui t' habite.
Dans les volutes de juillet
Un enfant né
Des temps d' aurore.
Là-bas, très loin,
Dans les champs,
Avec les vagues
De marées hautes.
Extraits du recueil " Les Sentinelles du désir "
de Martine Biard
Editions Grau-Mots. Gard. France.
Mars 2011
ISBN: 978-2-919155-05-7
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles
Suivre le flux RSS des commentaires